Chara Dreemurr - Le Premier Humain

Chara est la toute première humaine à être tombée dans le souterrain après la guerre, Chara fut recueillie par Toriel, Asgore, et Asriel, famille royale des monstres, et élevée comme une sœur pour Asriel. Mais son attitude parfois ... désinvolte, voire carrément sombre, laissait présager que Chara n'était pas tombée dans le souterrain sans raison. Raisons que bien évidemment personne à l'intérieur du souterrain ne connaissent. Chara parle extrêmement peu de son passé, pour de bonnes raisons.

Chara vivait dans un village humain, au pied du Mont Ebott, avec ses parents. Son enfance n'a pas été très ... joyeuse.
Elle ne sut jamais vraiment pourquoi elle était détestée par sa famille. Son père la frappait pour un tout et un rien. Corvées pas terminées, Etre rentrée trop tard, ne pas obéir assez vite ...Mais au bout d'un moment, peu à peu ... elle commença à ressentir la même chose.

Seul rayon de lumière, le carré de fleurs jaunes au coeur du village. Beau, calme, silencieux, et vide. Un petit champ de paradis. Evidemment, la première fois que sa mère la vit dans ce carré, son père la battit une fois de plus. En parlant de "poison". Comment quelque chose d'aussi beau pouvait être néfaste ?

Et pendant ce temps, le reste du village ne faisait rien. Evidemment. Ca ne les concernaient pas. C'est pas comme si ils pouvaient ignorer ce qui se passait dans la maison. Mais personne n'y faisait rien. Dans une nuit fatidique, quand elle avait dit ans, Chara ... essaya de fuir. Peu importe où. Elle voulait juste quitter cet endroit qui n'avait jamais pu l'aimer.
Sauf que ça aurait été trop facile. Trop propre. Trop tendre.

Ses parents ne dormaient pas quand elle essaya de sortir par la cuisine. Et son "père" allait la battre. Que penseraient les voisins s'il la voyaient partir comme ça. Ils allaient devoir l'en fermer. Ils diraient à la maîtresse qu'elle ne pouvait pas venir parce qu'elle s'était cassée la jambe dans l'escalier. Et puis ... ça pouvait s'arranger.

Dans un élan de terreur, Chara attrapa le premier objet qui passait à sa portée pour se défendre. Un objet pointu, avec des reflets métalliques. Elle voulait juste qu'il arrête.
Éventuellement, il cessa.

De bouger.
A genoux dans la mare de rouge, Chara ne comprenait pas pourquoi tout le monde hurlait Elle espérait juste qu'ils arrêteraient de la frapper.

Dans son sens elle eut droit à son souhait.
Les violences physiques laissèrent place à ... autre chose. Des regards en coin. Des chuchotements. Les gens qui s’occupaient d'elle la regardait comme si elle était malade, est ce qu'elle était malade ?  Elle ne savait pas. Éventuellement, elle finit par voir quelque chose dans le regard des gens qui la dégoûtait bien plus que la peur.

La pitié.

Ce regard de haut. Cette condescendance profonde & méprisante. C'était encore plus douloureux que les poings de son "père"
Peu à peu, la peur laissait place à ... autre chose. Du mépris. Du dédain. De la haine.

Et une fois encore, Chara commença à ressentir la même chose.
D'abord pour sa "nouvelle famille", puis pour le village. Puis pour l'humanité entière. Personne ne viendrait l'aider. C'était un fait.
Elle n'aurait jamais de place dans le monde des humains, personne ne l'aimait.
Et elle n'aimait personne.

Une vieille mémoire lui revint, celle du jour où elle avait essayé d'aller jouer sur la montagne avec ses amis, et qu'elle avait encore une fois était battue, qu'il ne fallait jamais s'approcher de cette montagne, que seule la mort l'y attendait & d'autres gentils avertissements.

C'était le moment parfait pour vérifier les légendes. Elle n'avait plus rien à perdre dans tous les cas.

Elle revint à elle dans une caverne, à côté d'un petit garçon qui ressemblait à une chèvre.
Quand il lui demanda son nom, elle ne dit que son prénom.
Parce qu'elle n'avait déjà plus de nom.

La vie dans le souterrain était belle. La famille royale finit par la recueillir,et par la traiter finalement comme elle l'avait toujours voulu. Normalement. Et pendant les quelques temps que dura cette idylle, Chara était vraiment heureuse.

Elle avait enfin une vraie famille.

Les gens, bien qu'étranges, étaient gentils, compréhensifs, patients... Et chara ne comprenait pas.
Éventuellement, la conclusion, simple au possible, lui vint.
"C'est parce qu'ils ne sont pas humains"

Il y eut des accrochages, comme lorsque on finit par lui "prouver" que certaines fleurs étaient bien toxiques. Elle avait du mal à croire. Tellement de mal qu'elle ne put s'empêcher de rire.
C'était très drôle après tout. ironiquement drôle. Quelque chose d'aussi beau et aussi mortel, qui avait failli lui prendre ce qu'elle avait eu tant de mal à obtenir.
Quelque chose de beau, qui aurait tué son père.
Vraiment. C'était hilarant.
Elle ne pouvait pas ne pas rire à cela.

Entourée de gens qui l'aimaient, Chara était ravie de son statut de princesse du souterrain. Pour les monstres, elle incarnait "l'espoir" d'un nouvel âge, et elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour rendre aux monstres du souterrain ce qu'ils lui avaient donné, et tout allait bien.

Mais bien évidemment, c'était beaucoup trop beau pour durer.

Un jour, Chara tomba gravement malade. Bien évidemment personne ne put savoir d'où venait la maladie, ni comment la guérir. Chara finit clouée au lit, piégée entre la vie & la mort, sans espoir de guérison, entourée par sa famille qui l'aimait.
Tandis que sa courte vie défilait devant ses yeux, elle ne put s'empêcher de repenser au seul vrai bons moments qu'elle ait passé à la surface. Dans ce champ de fleurs. Déconnectée de l'humanité, de la rancœur, et de la douleur. C'est tout ce qu'elle souhaitait pour le souterrain. Qu'ils ignorent l'humanité. Qu'ils la rejettent, et qu'ils créent un monde meilleur. loin de celui des humains. Mais même ça c'était trop demander.

Mais au milieu des larmes, quelque chose d'autre commençait à ressortir. La haine. la haine contre les responsables. Contre ceux qui l'avait rendu imparfaite, contre ceux qui l'avait rendu différente, contre ceux qui l'avait abandonnée. Contre l'humanité.

Et une idée sombre commençait à émerger. A défaut d'apporter l'espoir, apporter la vengeance. Un plan fut formé,et Asriel ne fut pas trop dur à convaincre. C'était pour le bien des monstres. Pour leur offrir la liberté. Elle était condamnée dans tous les cas.
Et les fleurs étaient à portée de main. L'ironie était délicieuse, ça compensait ses fleurs acides.

Quand Asriel absorba son âme pour tenter d'exaucer son souhait, la haine avait déjà pris le dessus. Et maintenant, ensemble, ils pouvaient changer les choses. Ils pouvaient se venger de l'humanité. l'humanité qui les avaient toujours rejetés, l'humanité qui les avaient poussés à l'exil, l'humanité responsable de tous leurs maux.

Quand ils arrivèrent au village, et qu'elle les vit, vaquant à leurs occupations, sans jamais se soucier de ce qu'ils avaient fait, elle n'eut qu'une envie. Les détruire, les réduire à néant, les annihiler. Faire comme si ils n'avaient jamais existé. Moins qu'une légende. Un vieux mythe qu'on raconterait aux enfants pour leur faire peur.

En absorbant leurs âmes elle et Asriel seraient assez puissants pour briser la barrière et offrir un monde meilleur aux monstres.

Un monde sans humains.

Mais à l'instant fatidique, Asriel ... refusa.
Il refusa de détruire l'humanité. Il refusa de s'en prendre à des innocents. Tandis que pour Chara, tous les humains étaient déjà coupables.
Leur lutte intestine se poursuivait, sans parvenir à un consensus. Et avant que Chara ne puisse convaincre Asriel d'agir, ou Asriel Chara de fuir, les humains finirent par faire ce qu'ils savaient faire de mieux.

Détruire.

Asriel ne put que se traîner, en sang & larmes, dans le souterrain. Où il rejoint sa soeur dans la mort.

Mais contrairement aux âmes des monstres, les âmes humaines n'ont pas la chance de disparaître.
Et, piégée dans la mort, dans sa haine et dans un tube,
Elle ne pouvait qu'espérer que le plan de son père, d'accumuler les âmes des humains tombés, signerait la fin de l'humanité.

La mort ne marqua pas la fin des "aventures" de chara. Éventuellement, elle finit par devenir une sorte .. d'esprit. A défaut de meilleur mot. Moins qu'un fantôme.
Elle aurait pu aller explorer le monde, mais rien ne l'attirait dans le monde des humains.
Condamnée à regarder ce qui se passait. De loin. Sans pouvoir agir. Sans pouvoir parler. A regarder le royaume tomber en ruine. A regarder ses parents se déchirer. Et les gens perdre "l'espoir" qu'elle était sensée représenter.

Au moins les gens se souvenaient d'elle.

Au moins elle put voir des humains recevoir ce qu'ils méritaient, et le nombre d'âmes augmentait lentement.

Et petit à petit, Chara réalisa que certains événements ... se répétaient.
Comme si quelqu'un... contrôlait le déroulement du temps.

Et à la source du phénomène ... Elle retrouva son frère.

Son frère, qui était revenu à la vie ... mais pas entier.
Son frère, qui batailla pendant l'équivalent d'années pour essayer de retrouver un quotidien normal.
Son frère, qui batailla pendant des années pour essayer de rendre tout le monde aussi misérable que lui.
Son frère, qui cherchait juste à SENTIR quelque chose.

Et Chara en était heureuse.
C'était sa faute après tout. Tout aurait pu être réglé il y a des années. Tout le monde aurait pu être heureux. Dehors. Libre. Et les humains auraient été à leur place. Six pieds sous terre.

Elle prit un certain ... plaisir dans les malheurs de son frère. Comme on fait son lit on se couche. Il l'avait mérité. Si il avait seulement eut confiance en sa sœur tout se serait bien passé. Il avait préféré croire dans les humains qu'en elle. Et ils savaient tous les deux comment ça avait fini.

Et tandis que Chara continuait de se noyer dans son ressentiment, les humains continuaient à tomber. Deux âmes, quatre âmes, six âmes ... la fin de l'humanité approchait.
Et Chara attendait de voir le spectacle avec impatience.

Quand le dernier humain tomba enfin dans le souterrain, chara ... eut un instant de doute.
Cet humain.. lui ressemblait. Terriblement.
Là où les autres humains avaient été semblables à tous les autres qu'elle avait pu croiser, celui là ... semblait différent. Et chara, fut pris de doutes. Que peut-être, cet enfant serait comme elle. C'était le dernier humain. ça serait la dernière occasion de prouver que l'humanité était capable d'autre chose que de destruction.

Si il existait un seul humain qui lui ressemblait, un seul humain qui méritait de la compassion. Elle ne pouvait pas condamner toute l'humanité. Elle ne pouvait pas l'abandonner. Elle savait trop comment ça faisait.

Elle décida donc de "suivre" Frisk. De le "posséder". De "l'aider" éventuellement. Après tout, elle en savait sur tous les habitants du souterrain.
Et à sa grande surprise, et ce malgré les machinations de son frère, Frisk ... fut bon. Bien meilleur que Chara ne l'a jamais été. Tous les monstres qui se dressèrent sur son chemin, tous les plans contre lui, il les pacifia tous, il les franchit tous.

De son côté, elle tint parole, lui expliquant ce qu'elle savait sur les monstres, et lui montrant les souvenirs du "premier humain".

Et au final, dans le palais de son père, quand son frère se dressa pour la dernière fois contre lui, Chara réalisa que elle non plus ne pouvait plus détester frisk. La dernière mémoire de Chara était une très douce. Une très bonne mémoire.

Sa famille. Ce qui s'était passé avant. Les bons souvenirs. Un foyer uni. Un rêve volé qui aujourd'hui semblait redevenir possible.

Une fois que son frère eut rendu les armes, Chara comprit qu'elle n'avait pas sa place dans un tel monde. Encore moins que son frère. Son frère avait une excuse pour sa haine. Son frère avait une excuse pour avoir apprécié les meurtres. Son frère avait une excuse pour la rancœur qui lui avait si longtemps assombri le regard.

Chara ... n'était pas une bonne personne.
Et c'était normal, après tout... Chara n'était qu'humaine.

Après avoir libéré Frisk du peu d'emprise qui lui restait, Chara était prête à ... se laisser partir. Laisser ce monde à quelqu'un capable de vraiment incarner l'espoir.

Mais le hasard en décida encore autrement.

Lorsque Frisk utilisa sa Détermination pour ramener Asriel à la vie, une partie de cette immense détermination, capable de ramener un humain à la vie, fit exactement ça. Et Chara s'éveilla, dans son cercueil, vivante une fois de plus. Elle ne put que rire, encore une fois. Ce n'était que lorsque elle abandonnait la vie qu'on la lui rendait.L'ironie était décidément palpable autour d'elle.

malheureusement, cette détermination n'atténua pas d'un pouce la haine latente de Chara pour l'humanité. Dans un sens, elle la ralluma presque. Certains humains étaient bons, dignes de respect, et de considération. Mais si ces humains finissaient par grimper le mont Ebott ... ce n'était pas pour rien.

Laissant ses idées noires dans le fond de son crâne, Chara ne perdit pas de temps et retrouva sa famille, en morceaux mais avec toutes les pièces de nouveau présentes.
Ses parents évidemment n'en crurent pas leurs yeux, vu qu'ils retrouvèrent leurs deux enfants le même jour. Inutile de dire que de nombreuses larmes furent versées.
Quand elle se retourna vers Asriel, il avait une certaine ... appréhension dans le regard. Chara s'approcha de son frère, se rappelant de ce qui s'était passé des années plus tôt et .. le prit dans ses bras. Ils avaient largement payé pour les erreurs qu'ils avaient pu commettre.

Aller habiter à la surface posa quelques problèmes compréhensibles à Chara. Si elle n'avait aucun problème à cohabiter avec Frisk ou avec les monstres, elle ne pouvait s'empêcher de se méfier, de mépriser, et de haïr les humains autour d'elle.
Comportement qui se manifesta très bien à l'école.

Autant dire que Chara passa beaucoup de temps dans le coin de la classe.

Ou dans le coin de la nouvelle maison, où Toriel va commencer à gérer trois enfants dont un délinquant en puissance, un qui a peur de son ombre et un qui passe son temps à partir à l'aventure dès qu'elle s'absente 5 minutes.

Au final, chara ressemble pour tout le monde à un enfant normal, si quelque peu dissident ...
Mais tard la nuit dans son lit, des souvenirs lui reviennent en tête.
Des souvenirs plus ... sombres. Des souvenirs plus ... violents. De la violence pas contre les humains mais contre les monstres. Contre ses parents. Contre la garde royale. Contre un nain insupportable... le tout reste quelque peu flou.

Mais des idées en ressortent.
Des idées comme la facilité avec laquelle un monstre peut mourrir.
Ou un humain pour ce que ça vaut.
Des idées sur le pouvoirs qu'ils partageaient tous les trois il n'y a pas si longtemps qui semblent maintenant disparu.
Des idées sur les âmes humaines.
Mais toujours des idées sombres. Mais pas forcément mauvaises.
Juste... Dangereuses.